mercredi, juillet 18, 2007

« Sans cet appel des chrétiens,
je n’aurais jamais été prêtre »





A l’âge où beaucoup songent déjà à leur retraite future, Gilles Meunier, la cinquantaine, commence un nouveau chemin. Le 1er juillet prochain, à 15h30, il sera ordonné prêtre par Mgr Aubertin en la cathédrale de Tours. Le terme d’un parcours professionnel au service de la jeunesse, mais le début d’une vie toujours donnée aux autres. Gilles livre ici son chemin spirituel, ses choix et ses espoirs pour l’avenir.


On est tenté de vous demander ce qui motive pour « rempiler » à l’heure où beaucoup attendent la retraite ?

Il ne s’agit pas d’un nouveau travail. Être prêtre, c’est véritablement l’aboutissement de ce que j’ai déjà fait dans ma vie.
Quand je travaillais, je disais toujours aux personnes que je côtoyais que je ne faisais qu’un bout de route à leurs côtés. D’ailleurs j’ai toujours eu du mal à me dire, lorsque j’étais éducateur, qu’il s’agissait de ma profession. Ma vocation germait en moi.

Justement, quel a été votre parcours jusqu’aujourd’hui ?

Je suis natif de Bourgogne. Je ne suis pas uniquement resté dans cette région, puisque j’ai exercé comme éducateur de jeunes en Seine-et-Marne. C’est plus tard que je suis arrivé en Touraine pour travailler à la fondation Verdier, un internat accueillant enfants et adolescents.
J’ai vécu mon parcours dans la foi au rythme du scoutisme. J’y suis entré à l’âge de 5 ans comme louveteau et n’en suis sorti que trente ans plus tard en tant que chef. Je n’ai jamais arrêté. J’ai sans cesse eu un pied dans l’Eglise.

C’est à Amboise que vous avez mis les « deux pieds dedans » ?

En Touraine, j’ai en effet été chargé dès le début des années 1990 de différentes missions auprès des jeunes dans la paroisse d’Amboise puis dans ce même doyenné qui couvre également Château-Renault et Bléré. En 1997 j’ai pris une part active à la préparation du grand rassemblement Martinopol. J’étais jusque-là bénévole.
Puis il y a dix ans j’ai franchi le pas : je suis devenu permanent salarié dans l’Eglise. D’abord auprès des aumôneries d’Amboise, puis de la pastorale des jeunes, et enfin à Tours Sud II.

C’est là qu’a germé votre désir de devenir prêtre ?

Je l’ai dit, l’idée est bien plus ancienne. Je l’ai constamment traînée avec moi : j’ai conscience que l’appel m’a été adressé le jour où j’ai commencé à être éducateur professionnel. En Seine-et-Marne j’avais tenté de le faire germer, mais ce n’était peut-être pas le moment.
En revanche, au cours de mes diverses responsabilités dans l’Eglise de Touraine, plusieurs paroissiens ou amis prêtres m’ont un jour posé la question : « Gilles, est-ce que tu as songé à devenir prêtre ? » Mon cheminement intérieur y a trouvé un écho. Puis j’ai rencontré l’archevêque, André Vingt-Trois, qui m’a apporté son soutien. C’est important pour quelqu’un qui se pose la question d’avoir un lieu où parler.

Si vous n’aviez pas eu ces remarques de chrétiens vous n’auriez peut-être jamais été prêtre ?

Effectivement. Sans cet appel des chrétiens je n’en serais pas là. C’est pourquoi je lance un appel à toutes les communautés religieuses que sont les paroisses, un appel à tous les chrétiens pour qu’ils se sentent concernés par les vocations. Ce n’est pas tout de se plaindre de ne pas avoir assez de prêtres, encore faut-il en appeler.



Vous avez ensuite vécu vos cinq années de séminaire à Paris. Quelle en était la raison ?

J’avais un chemin un petit peu à part vu l’âge auquel j’entrais au séminaire et mon parcours dans l’Eglise. Du coup Paris a été la formule idéale. Le supérieur du séminaire a su adapter ma formation. Une autre chose était importante, même si elle n’a pas toujours été facile : la rupture avec mes missions d’avant.
Mais c’est probablement ce qui m’a permis d’entrer pleinement dans cette démarche d’études et d’abandon à moi-même.

Qu’est-ce qui aura marqué votre passage au séminaire ?

Le but de cette formation, ce n’est pas de sortir intact mais de se laisser imprégner par le Christ. Il faut le laisser prendre sa place dans tout notre être. J’ai vécu au cours de ces années une véritable renaissance à moi-même… voire une naissance tout simplement.

Ce 1er juillet vous serez ordonné. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

J’ai le sentiment que ma vie d’enfant, d’adolescent, d’adulte prend son sens. C’est elle que je remettrai, dans la paix et la joie, entre les mains du Christ lors de la prostration.
Demeure une grande inconnue : cette vie sacramentelle du prêtre, notamment autour de l’eucharistie. C’est un mystère plus grand depuis que je suis entré au séminaire. Mais il faut accepter d’être dépossédé.
Ce qui me réjouit le plus dans ce ministère, et que j’ai déjà expérimenté depuis mon ordination diaconale en septembre 2006, c’est probablement de rencontrer des gens. Je voudrais que ce soit ma priorité et mon fil rouge dans un agenda souvent bien plein : savoir prendre du temps et écouter. A tous je veux annoncer Celui qui m’envoie et leur redire cette phrase de Thérèse d’Avila choisie pour mon ordination : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Qui a Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit. »


Photos du site et propos recueillis par Emmanuel ROUXEL

Samedi soir : Temps de prière / Saint-Etienne-de-Chigny

Temps de prière au prieuré Saint-Venant

Marche du prieuré Saint-Venant vers l'église de Luynes

Marche du prieuré vers l'église de Luynes

Arrivée de la marche dans Luynes

Veillée de prière à Luynes
Veillée de prière à Luynes

Veillée de prière à Luynes

Veillée de prière à Luynes

Veillée de prière à Luynes

mardi, juillet 17, 2007

Veillée de prière à Luynes

Avant la célébration de l'ordination de Gilles Meunier...

Arrivée à la cathédrale Saint-Gatien de Tours

Entrée dans la cathédrale

Appel de Gilles Meunier

Appel et présentation du candidat au sacerdoce

Lectures...

Lecture de l'Evangile

Homélie intégrale prononcée par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin

Bien cher Gilles,
Frères et sœurs qui, ici même ou par l’intermédiaire de radio saint Martin, êtes en communion avec ce que nous vivons comme un moment fort pour Gilles et la vie de notre église diocésaine…


Aujourd’hui, l’Evangile commence par un verset qui marque un tournant dans l’ensemble du récit de Luc : « Jésus prend avec courage la route de Jérusalem ». Cette route sur laquelle il s’engage résolument n’est pas seulement géographique, elle est le fruit d’une décision intérieure… d’une décision fortement mûrie. Jésus va être arrêté, jugé, condamné, il sera chargé de sa croix, mis à mort puis il ressuscitera. Ce temps est maintenant proche. Le temps est venu de l’accomplissement de son œuvre, le temps de l’accomplissement des Ecritures. Jésus le sait, Jésus adhère à la volonté d’amour de son Père… ayant aimé les siens, il veut les aimer jusqu’au bout, jusqu’à en mourir et cela par amour…

Gilles, tu es toi aussi à un carrefour de ta vie, depuis des années le Seigneur t’appelle et te conduit à répondre en toute liberté à son appel à le suivre, mais à ceux qui acceptent de le suivre Jésus parle en toute franchise, en toute clarté… Répondre à l’appel du Christ c’est accepter de mettre ses pas dans les siens, c’est accepter d’aimer ceux qu’il te confiera, et de les aimer jusqu’à ton dernier souffle, de les aimer comme le Christ, c’est-à-dire jusqu’à en mourir… Et Luc, en ce dimanche, rapporte trois paroles qui montrent trois aspects de la vie à la suite du Christ. Jésus commence par indiquer que tout esprit de vengeance ou de violence doit disparaître du cœur de l’homme, puis à celui qui lui déclare : « Je te suivrai partout où tu iras », Jésus répond qu’il est essentiel d’accepter la pauvreté. A celui qui veut d’abord enterrer son père, ou à celui qui veut faire ses adieux à sa famille, Jésus laisse entendre que l’urgence, c’est de proclamer le Règne de Dieu. Contrairement à ce qu’on pourrait croire au premier abord, il n’y a dans ces paroles ni rupture cruelle, ni refus de solidarité et de participation à la vie des hommes mais en quelque sorte une prophétie en voie de réalisation : l’Esprit est à l’œuvre, il construit en nous le Royaume.


Si nous acceptons de nous engager sur ce chemin, progressivement, nous parviendrons à la stature de l’homme du Royaume, régénéré par l’Esprit. Il faut que l’Esprit fasse disparaître en nous ce qui est convoitise, égoïsme, et fasse grandir en nous cette liberté dont parle Paul : « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres ». Voilà l’œuvre essentielle et le don le plus précieux offert par le Christ… mais Paul est réaliste, il connaît la fragilité de la liberté : « Tenez bon, dit il, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage ». Oui nous sommes en route et notre vie est une succession de oui qu’il nous faut donner tout au long de notre existence. Vivre c’est acquiescer à la Vie que Dieu nous propose et la clé de cette fidélité c’est, avant tout, l’amour prévenant et constant de Celui qui nous appelle à aimer. Paul propose une solution paradoxale, l’obéissance à une loi, la loi d’amour : « Mettez-vous par amour au service les uns des autres ».


Paul s’adresse aux Galates mais, au-delà de ces frères, il nous rejoint tous là où nous en sommes de notre vie… il te rejoint, Gilles, alors que, par la force de l’Esprit Saint et l’imposition de mes mains, tu vas devenir signe du Christ, prêtre du Christ serviteur. Appelé, mais nullement contraint, tu as accepté de te mettre en route, tu as accepté de faire un choix de vie exigeant, tu as accepté de te préparer, humainement, intellectuellement, spirituellement à cette vie entièrement vouée au service de la proclamation de l’Evangile. Sache que le Seigneur est présent au cœur de ton oui, sache qu’il est présent au cœur de ta vie. Sache que si tu t’en remets à lui, il fera de toi le serviteur aimant qu’il attend.

Frères et sœurs, ce que le Seigneur attend de Gilles en cet instant et tout au long de sa vie, il l’attend de chacun d’entre nous également : accueillons nous aussi cet esprit de liberté qui fera de nous des témoins de son amour. Cet appel s’adresse à vous aussi les jeunes : laissez votre cœur s’emplir du véritable amour, celui qui n’aliène pas mais celui qui libère… le Seigneur attend votre réponse libre : vivez en témoins de son amour.


Mgr Bernard-Nicolas AUBERTIN, Archevêque de Tours