mardi, juillet 17, 2007

Homélie intégrale prononcée par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin

Bien cher Gilles,
Frères et sœurs qui, ici même ou par l’intermédiaire de radio saint Martin, êtes en communion avec ce que nous vivons comme un moment fort pour Gilles et la vie de notre église diocésaine…


Aujourd’hui, l’Evangile commence par un verset qui marque un tournant dans l’ensemble du récit de Luc : « Jésus prend avec courage la route de Jérusalem ». Cette route sur laquelle il s’engage résolument n’est pas seulement géographique, elle est le fruit d’une décision intérieure… d’une décision fortement mûrie. Jésus va être arrêté, jugé, condamné, il sera chargé de sa croix, mis à mort puis il ressuscitera. Ce temps est maintenant proche. Le temps est venu de l’accomplissement de son œuvre, le temps de l’accomplissement des Ecritures. Jésus le sait, Jésus adhère à la volonté d’amour de son Père… ayant aimé les siens, il veut les aimer jusqu’au bout, jusqu’à en mourir et cela par amour…

Gilles, tu es toi aussi à un carrefour de ta vie, depuis des années le Seigneur t’appelle et te conduit à répondre en toute liberté à son appel à le suivre, mais à ceux qui acceptent de le suivre Jésus parle en toute franchise, en toute clarté… Répondre à l’appel du Christ c’est accepter de mettre ses pas dans les siens, c’est accepter d’aimer ceux qu’il te confiera, et de les aimer jusqu’à ton dernier souffle, de les aimer comme le Christ, c’est-à-dire jusqu’à en mourir… Et Luc, en ce dimanche, rapporte trois paroles qui montrent trois aspects de la vie à la suite du Christ. Jésus commence par indiquer que tout esprit de vengeance ou de violence doit disparaître du cœur de l’homme, puis à celui qui lui déclare : « Je te suivrai partout où tu iras », Jésus répond qu’il est essentiel d’accepter la pauvreté. A celui qui veut d’abord enterrer son père, ou à celui qui veut faire ses adieux à sa famille, Jésus laisse entendre que l’urgence, c’est de proclamer le Règne de Dieu. Contrairement à ce qu’on pourrait croire au premier abord, il n’y a dans ces paroles ni rupture cruelle, ni refus de solidarité et de participation à la vie des hommes mais en quelque sorte une prophétie en voie de réalisation : l’Esprit est à l’œuvre, il construit en nous le Royaume.


Si nous acceptons de nous engager sur ce chemin, progressivement, nous parviendrons à la stature de l’homme du Royaume, régénéré par l’Esprit. Il faut que l’Esprit fasse disparaître en nous ce qui est convoitise, égoïsme, et fasse grandir en nous cette liberté dont parle Paul : « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres ». Voilà l’œuvre essentielle et le don le plus précieux offert par le Christ… mais Paul est réaliste, il connaît la fragilité de la liberté : « Tenez bon, dit il, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage ». Oui nous sommes en route et notre vie est une succession de oui qu’il nous faut donner tout au long de notre existence. Vivre c’est acquiescer à la Vie que Dieu nous propose et la clé de cette fidélité c’est, avant tout, l’amour prévenant et constant de Celui qui nous appelle à aimer. Paul propose une solution paradoxale, l’obéissance à une loi, la loi d’amour : « Mettez-vous par amour au service les uns des autres ».


Paul s’adresse aux Galates mais, au-delà de ces frères, il nous rejoint tous là où nous en sommes de notre vie… il te rejoint, Gilles, alors que, par la force de l’Esprit Saint et l’imposition de mes mains, tu vas devenir signe du Christ, prêtre du Christ serviteur. Appelé, mais nullement contraint, tu as accepté de te mettre en route, tu as accepté de faire un choix de vie exigeant, tu as accepté de te préparer, humainement, intellectuellement, spirituellement à cette vie entièrement vouée au service de la proclamation de l’Evangile. Sache que le Seigneur est présent au cœur de ton oui, sache qu’il est présent au cœur de ta vie. Sache que si tu t’en remets à lui, il fera de toi le serviteur aimant qu’il attend.

Frères et sœurs, ce que le Seigneur attend de Gilles en cet instant et tout au long de sa vie, il l’attend de chacun d’entre nous également : accueillons nous aussi cet esprit de liberté qui fera de nous des témoins de son amour. Cet appel s’adresse à vous aussi les jeunes : laissez votre cœur s’emplir du véritable amour, celui qui n’aliène pas mais celui qui libère… le Seigneur attend votre réponse libre : vivez en témoins de son amour.


Mgr Bernard-Nicolas AUBERTIN, Archevêque de Tours

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